La vindicte populaire, le meurtre gratuit, le viol, le vol à main armée et tout autre crime mortel ombragent le tableau de la vie quotidienne des Malagasy. Le pays est dans le rouge, dans l’œil du cyclone. J’espère bien que mon point de vue soit le réflexe d’un simple alarmiste. Tant mieux ! En tout cas, il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme. Si ce n’est pas déjà trop tard.
Delphin, 41 ans, un agent travaillant au sein du projet « Action contre la faim » (ACF), au retour très tard dans la soirée de son travail, devait passer obligatoirement avec un autre en moto dans la localité d’Ambatofaritana, Commune de Manapatrana, District d’Ikongo, Région de Fitovinany, avait failli écraser un gosse. Il aurait sévèrement réprimandé le petit garçon qui, en réponse, avait crié en appelant au secours. La foule en furie les avait pris pour des kidnappeurs. Les gens, en pleine nuit, les tabassaient jusqu’à ce que mort s’en suive. Ils ne voulaient rien entendre de leurs tentatives d’explication. L’agent innocent de l’ACF, un chef de famille, meurt gratuitement !
Un homme enterra, sans aucun souci ni scrupule, sa propre mère à l’intérieur même de leur domicile à Andavamamba sans que personne, même les plus proches, le sache. Une pratique formellement interdite par la loi. Le scélérat fils l’a fait pour dissimuler un acte fort répréhensible qui, en fait, ne respecte pas non seulement la loi en vigueur mais également les us et coutumes du pays. Deux exemples suffisants qui reflètent le déséquilibre moral et l’absence cruelle des repères sociaux.
Observateurs et analystes tentent de donner des explications. Des paramètres aussi complexes que délicats entrent en jeu. Il traduit quelque part un déficit.
Au sommet de la sinistre hiérarchie se trouve la faillite de l’éducation. Un déficit qu’il faudra impérieusement combler. On entend par éducation ici l’ensemble des actes d’encadrement moral et intellectuel des enfants et des jeunes pas forcément ni uniquement sur les bancs de l’école maisaussi au sein du cocon familial, de la société, de l’église, dans la communauté, etc. La faillite de l’éducation traduit tacitement l’échec de tout le système éducatif, privé ou public, du pays.
Ensuite, le déficit du système de répression des crimes à savoir les Forces de l’ordre et de l’appareil judiciaire. En réalité, les concitoyens n’accordent plus de crédit aux institutions chargées de maintenir l’ordre. Rongées par la corruption, elles ont montré depuis belle lurette leurs limites. Au final, le peuple règle par lui-même ses problèmes.
Dans l’œil du cyclone, le pays doit forcément se débattre.
Ndrianaivo